Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 13:00

Voyage en Lorraine de Sa Majesté l’Impératrice et de S.A. le Prince Impérial

 

« Le train impérial quitte Châlons et en passant sous les ponts couverts de monde, nous entendons les derniers vivats d’une foule empressée aux adieux comme à l’arrivée.

 

Nous laissons à gauche la cathédrale de Saint-Etienne, veuve aujourd’hui de ses deux flèches aiguës, dont le travail à jour était naguère encore d’un si bel effet. La voie est resserrée entre la Marne et une côte crayeuse qui s’abaisse parfois et laisse voir quelques villages.

 

Voici Vitry-la-Ville et Loisy. Le train ralentit légèrement sa marche, pour donner le temps aux paysans accourus de voir les augustes voyageurs. Puis Vitry-le-François, que l’administration de l’Est s’obstine à appeler le Français sur sa gare, en dépit des réclamations justes des habitants.

 

Ici on s’arrête ; la population attend empressée. Des tribunes ont été dressées à la station. Les curieux s’échelonnent sur de hauts échafaudages ornés de verdure et pavoisés. L’Impératrice paraît avec son fils. La foule s’anime et pousse des acclamations joyeuses. C’est un spectacle saisissant que ce fouillis de têtes dont tous les yeux sont fixés sur un même point. Quelques instants à peine sont donnés à Vitry, que Sa Majesté consacre à une distribution de récompenses.

Avant de repartir l’Impératrice, donnant la main au Prince, est descendue du perron de la gare et a pénétré dans les rangs de la foule qui saluait avec respect. Après une promenade circulaire devant les tribunes, Sa Majesté est revenue à son point de départ. Elle a fait alors une profonde révérence et les cris ont redoublé d’intensité. Vitry, la ville calme par excellence, a eu là dix minutes d’émotion qu’elle n’oubliera jamais.

 

Une heure après des décharges d’artillerie nous signalaient Bar-le-Duc.

Il est impossible de décrire en peu de ligne la réception qu’a faite Bar-le-Duc à sa Souveraine et à son fils.

Les boulevards larges et commodes, que doit parcourir le cortège, se sont changés en avenues de feuillages et de fleurs. Partout les inscriptions les plus sympathiques et des arcs de triomphe élevés par les corporations d’ouvriers avec les emblèmes des industries qu’ils représentent. La population encombre les rues. Les fenêtres regorgent de spectateurs. Tout ce monde a revêtu ses plus brillants atours. Le soleil qui jette sur tout cela ses feux et sa lumière, ne contribue pas peu à l’enchantement de la fête. Il fait moins étouffant que la veille et la petite brise qui agite les oriflammes promène sur les fronts découverts une bienfaisante fraîcheur.

 

On gagne la cathédrale en traversant l’Ornain sur le pont de Notre-Dame, puis on revient à la Préfecture, où sont réunies les dames de Bar, de Verdun et de Commercy. Le préfet de la Meuse les présente à Sa Majesté. Des jeunes filles offrent au prince impérial des dragées, des madeleines et des confitures. Ce sont là les douces productions du pays. Quelques instants après, des domestiques à la livrée impériale, rangeaient dans un wagon du train une caisse colossale et deux immenses corbeilles. Le prince impérial a ses goûters assurés pour au moins trois ans.

 

A Toul, qui vient ensuite, mêmes cérémonies et même enthousiasme qu’à Vitry-le-François.

Une jeune fille complimente l’Impératrice. Un collégien, de l’âge du Prince, lui récite des vers. Une gracieuse poignée de main est échangée entre les deux enfants. Plus loin une dame respectable entretient longuement Sa Majesté et lui demande la permission d’embrasser son fils, ce qui est accordé avec une grâce charmante.

En quittant la tente qui lui avait été préparée à Toul, Sa Majesté s’aperçoit que de l’autre côté de la voie, et par delà un champ fraîchement labouré, était une foule de paysans impatients de la voir et de la saluer. Ces malheureux étaient là depuis l’aurore, attendant avec patience cette minute de joie. Sa Majesté n’hésite pas, elle traverse la prairie, laissant dans la terre humide l’empreinte de ses pieds augustes, et vient porter l’enchantement dans l’âme de ces bons villageois.

 

On repart. Peu d’instants après on touche Nancy.

L’offerte des clés a lieu à la gare. Pourquoi des clés, puisque la ville est ouverte ?

 

Les voitures de la cour, attelée à la Daumont, sont plus nombreuses qu’à Châlons. Le maréchal Forey à cheval est à la portière de Sa Majesté.  L’importance du cortège impérial augmente, au fur et à mesure qu’on avance, des autorités des départements que l’on traverse se joignent à sa suite.

 

L’Impératrice, avec une attention dont lui a su gré toute la Lorraine, portait à son entrée à Nancy une robe brodée sur un dessous rose. La broderie est, on le sait, l’industrie du pays.

 

Le cortège descend la rue Stanislas, passe sous un bel arc de triomphe de mousseline blanche élevé par les brodeuses, et se rend à la cathédrale, où quatre prélats, dont Mgr Darboy archevêque de Paris, donnent la bénédiction à S.M. et à son fils.

 

Puis vient, sur la place Stanislas, le défilé des corporations et des communes. Ce fut pendant deux heures un spectacle grandiose que celui de ces populations accourues de trente lieues à la ronde pour saluer leur souveraine. Nous vîmes là les francs-tireurs des Vosges, les mineurs des salines, les ouvriers des verreries célèbres de Baccarat et ceux des ateliers de M. de Meixmoron de Dombasle. Puis vinrent les paysans de Domremy, qui offrirent à S.M. une bannière à l’effigie de Jeanne d’Arc.

Pendant les deux longues heures que dura cette procession de chars, d’hommes et de chevaux, l’Impératrice et son fils, debout devant le balcon de l’estrade, ne cessèrent de saluer et eurent le courage de dissimuler leur fatigue.

 

Le lendemain ce furent des courses, peu brillantes du reste et assez mal ordonnées, bien que le sport lorrain ait ses prétentions. Sa Majesté l’Impératrice n’y a pas paru.

 

Un banquet a réuni 250 convives dans l’ancien palais des ducs de Lorraine. Après le dîner, Sa Majesté a fait le tour de la salle avec le jeune prince, qui est rentré dans ses appartements. Un grand festival donné par les musiciens réunis des quatre départements lorrains a eu lieu à 10 heures du soir dans un local construit exprès sur la place de Grève […] ».

 

http://prince.imperial.over-blog.com/photo-1675750-1866.07.28_Monde_Illustre_JPG.html

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le Prince Imperial Napoleon IV
  • Contact

Recherche