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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 13:16

SOUVENIR DU CINQUANTENAIRE DE LA MORT

 

DU PRINCE IMPERIAL

 

1879-1929

 

 

 

Pour commémorer le cinquantième anniversaire de la mort du Prince Impérial, ses compagnons d’enfance et de jeunesse : S.A. le Prince Murat, le général Conneau, le général Espinasse, le général baron Corvisart, ont fait célébrer, le samedi 1er juin, un service en l’église Saint-Louis des Invalides.

 

S.A.I. le Prince Napoléon était représenté par S.A. le Prince Joachim Murat.

 

La messe a été dite par M. l’abbé Bohan, vicaire à Saint-Pierre de Chaillot, en présence de S.G. Monseigneur Chaptal, représentant S.E. le Cardinal Archevêque de Paris, qui a donné l’absoute, et de S.G. Monseigneur Baudrillart, archevêque de Mélitène.

 

Le même jour, à 4 heures, un pèlerinage a eu lieu au monument élevé dans la parc du château de Malmaison.

Là, S.A. le Prince Joachim Murat a prononcé l’éloge funèbre du Prince Impérial, puis M. le chanoine Ferret, curé de Rueil, a récité « la prière du Prince Impérial ».

 

Une foule nombreuse de personnes fidèles à la mémoire du Prince a assisté à ces deux cérémonies.

 

 

 

 

DISCOURS PRONONCE PAR S.A. LE PRINCE JOACHIM MURAT

 

A MALMAISON

 

A L’OCCASION DU

 

CINQUANTENAIRE DE LA MORT DU PRINCE IMPERIAL

 

LE 1er JUIN 1929

 

 

 

Le 16 mars 1856, des salves d’artillerie apprenaient à la France la naissance du Prince Impérial.

Il vient au monde le jour des Rameaux, et nul ne se doutait alors que les acclamations prodiguées à cet enfant le vouaient à un destin tragique.

Ainsi, dix-huit siècles plus tôt, l’enthousiasme du peuple d’Israël présageait pour le Christ la passion et le martyre du Golgotha.

 

Nous commémorons aujourd’hui le cinquantième anniversaire de sa fin héroïque et le souvenir de son charme, de ses qualités.

L’émotion soulevée par ses malheurs place cet hommage bien au-dessus et en dehors des querelles politiques qui divisent les Français.

 

Sa naissance fut celle d’un prince de conte de fées.

L’Impératrice Eugénie, sa mère, régnait sur tous les cœurs par sa grâce souveraine, sa charité et sa bonté, plus encore qu’elle ne dominait la foule par l’éclat de sa radieuse beauté.

Son père, Napoléon III, avait sauvé la France de l’anarchie, lui assurait la prospérité avec la grandeur et attentivement penché sur le sort des humbles était le promoteur des réformes sociales, qui sont plus que jamais à l’ordre du jour dans notre démocratie contemporaine.

 

Plus encore qu’à ses parents, le Prince Impérial appartenait à ce peuple de France auquel sa naissance, en assurant l’avenir de la dynastie, apportait un immense espoir : celui de voire clore à jamais l’ère des troubles et d’émeutes qui désola notre Pays pendant le XIXe siècle.

 

On le fit, dans son berceau, grand’croix de la Légion d’Honneur.

L’abbé Deguerry, l’un des futurs otages de la Commune, lui dit un jour : « La croix est le symbole du sacrifice. Celle qu’on a placée dans votre berceau signifie que vous avez été marqué dès votre naissance pour vous dévouer au peuple ».

Cette idée du grand et austère devoir imposé par son origine a dirigé tous les actes du Prince pendant son trop court séjour ici bas.

Il avait été formé à cette haute conception par les enseignements de l’Empereur et de l’Impératrice, admirablement secondés dans cette lourde tâche par le Général Frossard, Augustin Filon et Ernest Lavisse.

 

Son père et sa mère, quand vinrent les revers, les tristesses de l’exil, lui donnèrent le grand exemple de la résignation.

Au moment de devenir un homme, son caractère fut trempé à la rude école de l’adversité.

 

Le Prince Impérial était digne de sa race, il en avait compris la mission.

Il se savait appelé aux plus hautes, aux plus redoutables charges, non en vertu du droit divin de la Monarchie antique, mais en raison du devoir impérieux imposé à la famille qui, deux fois, a sauvé la France … en raison du devoir imposé à la race de Napoléon !

 

A la mort de son père, il considéra que le titre d’Empereur appartenait encore au mort bien-aimé et ne pourrait lui être confié que par une manifestation solennelle et régulière de la volonté nationale.

Fidèle aux principes du Grand Napoléon, il voulait devoir sa couronne à l’investiture du seul qui ait le droit de parler en maître, dans le monde moderne, du Peuple Souverain.

 

Celui dont aujourd’hui nous évoquons la mémoire avait les qualités d’un chef populaire. Le destin ne lui a pas permis de les affirmer.

Comme toutes les tragédies, celle de sa fin a fait naître des légendes.

 

On a parlé dans la presse et sur la scène de je ne sais quelle machination ténébreuse de l’Angleterre s’acharnant sur le descendant de Napoléon.

Il n’en est rien ; la figure de la Reine Victoria est trop haute pour que d’aussi plates calomnies puissent atteindre Celle qui fut l’amie sincère et fidèle de Napoléon III, de l’Impératrice et du Prince Impérial.

 

J’ai eu l’honneur, pendant la grande guerre, d’être attaché à l’armée britannique, et je suis sûr que tous ceux qui, comme moi, l’ont vue à l’œuvre, se refuseront à faire rejaillir sur une nation loyale et brave la défaillance d’un homme, dont je tairai ici le nom, car son châtiment fut de mourir de honte, rejeté par ses pairs, et marqué par eux d’infâmie.

 

On a parlé aussi d’un guet-apens organisé pour servir les intérêts les plus vils de notre politique intérieure.

Ici encore il faut s’inscrire en faux, rien dans les faits ne prouve une infâmie pareille, et je ne puis, pour ma part, croire aucun Français capable d’un tel attentat.

 

Il fut pourtant des hommes chez nous qui porteront devant l’Histoire la responsabilité de la mort de celui dans lequel toute une génération avait mis ses plus chères espérances.

Ce furent les folliculaires, les auteurs de libelles qui osèrent, à propos du combat de Sarrebrück, mettre en doute le courage du Prince Impérial.

Pour démentir leurs insinuations, il partit vers la fatale aventure. Ceux-là l’ont moralement assassiné.

 

Il incarnait cette magnifique bravoure française, vertu impériale, s’il en fut, pratiquée par tous ceux de la grande Epopée, les grenadiers, les généraux, et à leur tête … l’Empereur !

 

A l’âge de onze ans, victime d’un accident grave au cours d’une promenade en mer, le Prince Impérial prononça cette parole sublime : « Maman, un Napoléon n’a pas peur ».

Interrogés après sa mort, les Zoulous comparaient à un lion le jeune guerrier, auquel, par respect pour son courage, ils laissèrent le collier de médailles bénites donné par sa mère.

 

Il y a cinquante ans, jour pour jour, heure pour heure, par une belle soirée de juin, sous le soleil brûlant d’Afrique, le jeune héros tomba, percé de dix-sept blessures, toutes reçues par devant.

 

Evoquons donc ensemble, dans un sentiment de religieuse émotion, l’image de ce beau jeune homme que tout un peuple avait acclamé et qui, seul, au milieu de la vaste plaine, s’en va d’un pas tranquille au devant de la mort, digne héritier de la race illustre entre toutes, à laquelle il appartient.

 

Le Prince Impérial n’a fait que passer en ce monde, il est mort jeune, sa fin fut celle d’un héros. Il appartient désormais au patrimoine de grandeur nationale commun à toute la France, à cette France tellement pénétrée des souvenirs de la Grande Epopée, qu’il suffit chez nous de parler de la gloire pour que l’écho réponde : « NAPOLEON ».

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 13:12

Le petit prince au Petit Palais

 

« A l’exposition de l’Enfance, une galerie est particulièrement fréquentée, encombrée par la foule des visiteurs ravis et étonnés, c’est celle où notre confrère Léo Claretie, si compétent en la matière, a réuni et agencé avec art les jouets anciens, les petits meubles de style pour poupées, l’imagerie populaire de jadis, la déjà fameuse crèche Napolitaine ; tout ce musée, d’un caractère nouveau et auparavant insoupçonné, a le plus franc et le plus légitime succès.

 

Parmi ses vitrines, il en est une qui retient la foule et fait l’encombrement. Elle est consacrée aux souvenirs du Prince Impérial, le fils de Napoléon III.

Deux collectionneurs se la sont partagée : le baron Pierre de Bourgoing, qui fut l’ami du prince, et l’abbé Misset.

Ils ont réuni là une collection inestimable de pièces historiques relatives à la période qui va de la naissance à la guerre de 1870.

Le prince naquit le 16 mars 1856 dimanche des Rameaux. L’affiche, reproduite ci-contre, du préfet de police Piétri, annonça la nouvelle au peuple.

Le Conseil municipal vota une somme de 200.000 francs pour les pauvres. L’ondoiement eut lieu dans la chapelle des Tuileries, - paroisse impériale personnelle, - en présence de l’Empereur, des A.I. princes et princesses de la famille Impériale, princes et princesses de la famille de l’Empereur, la mère de l’Impératrice, les cardinaux, ministres, maréchaux, amiraux, présidents des Grands Corps de l’Etat et les Grands Officiers de la Couronne. En diamants, honoraires, dons, spectacles, secours, frais de cortège, etc., la facture de la cérémonie monta à 898.000 francs.

 

La collection du baron de Bourgoing est celle d’un ami fidèle pour qui les souvenirs sont de précieuses reliques : le sac d’enfant de troupe du prince, son fusil, sa canne, son bonnet écossais, - ce fut alors la mode pour les enfants, - des photographies, des dessins, des lettres parmi lesquelles les historiens glaneront à la fois d’utiles renseignements, et, vers 1870, de fortes et nobles pensées pour un jeune adolescent de 14 ans.

L’album contient de bien belles lettres du prince en exil, après nos malheurs : elles lui font honneur. Mais ce n’est plus un enfant qui les a écrites, et ceci sortirait du cadre de l’Exposition de l’Enfance.

Contentons-nous de feuilleter dans l’album ces si curieux dessins : « M. de Gricourd pêchant un requin », le portrait de Tropmann, - l’évènement de 1869, - et une tête bizarre qui donne le double profil de Louis XVI et de Napoléon Ier.

 

Les deux collections sont fort riches en dessins, autographes, photographies à tous les âges du prince, depuis la plus tendre enfance, année par année.

Voici la série des médailles, argent ou bronze, qui représentent le prince ; voici les coins originaux. Et cette affiche populaire :

 

C’EST UN GARCON !

Paroles de J. Marie, employé au Corps Législatif

 

C’est un garçon ! chantons avec ivresse

Le descendant du grand Napoléon ;

Que tout Français dans sa vive allégresse

De répéter avec orgueil s’empresse :

C’est un garçon ! (bis)

 

Et cette aquarelle, qui fixe le souvenir d’une soirée dramatique au Théâtre Impérial de la rue de Courcelles, le 15 mars 1865, à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du Prince Impérial. Le programme porte :

- Une troupe de jeunes comédiens n’ayant encore paru sur aucun théâtre aura l’honneur de représenter Le Maître d’Ecole, vaudeville en un acte par M. Lockroy !

Dans la liste des acteurs, on lit les noms de Joseph Primoli, Napoléon et Louis Primoli, Marguerite et Léonie du Sommerard, Jules Espinasse, Ninette Vimercati, Albert Roccagiovine, etc.

 

C’est un trésor que cette vitrine, avec la ceinture en soie bleue du petit prince, ses étriers, soixante-huit photographies, toutes originales, le Prince Impérial en barque avec la série des invités de Fontainebleau, le Prince chevauchant Arlequin ou Balmoral ou Bouton d’Or ; et des dessins, des lettres, des brouillons pieusement conservés par son valet de chambre, des devoirs, des pages barbouillées : un régiment rentre à la caserne (1864) ; deux grenadiers campés ; les trois premiers temps du verbe aimer ; la première table de multiplication du prince ; une carte de France, gauchement dessinée en 1865 par cette main d’enfant ; des dictées ; des récréations macaroniques ; des croquis, toujours militaires et guerriers, des billets ; sans compter tout un lot de lettres fort intéressantes adressées au prince par l’Empereur, par la comtesse de Montijo, grand’mère, par la princesse Mathilde, la princesse Clotilde, le prince des Asturies, Pierre de Bourgoing, - et un programme de comédie, par le général Frossard.

Et c’est le prince enfant, en robe, sur les genoux de l’impératrice en jupe bouffante à gros volants ; c’est le prince en petit grenadier de deux ans, en tambour, en zouave, en louvetier, en piqueur, en fantassin, en enfant de troupe, toute une série d’avatars militaires, toute une aimable petite mascarade martiale qui, jointe aux dessins guerriers du prince, constatent à quel point le père avait porté l’amour de la guerre, le souci des conquêtes et l’importance de l’armée, souci que reflète à chaque page le cahier de brouillons de son enfant.

 

Ce n’est pas tout : dans une autre vitrine, le sénateur Aimé Leroux a apporté une petite cuirasse du prince ; voici son petit fusil d’enfant, à bandoulière blanche ; la laisse avec laquelle il promenait son chien et des statuettes depuis popularisées ; le prince avec son chien Néro, par Carpeaux, ou Napoléon III montrant la statue de Napoléon Ier au petit Napoléon IV. Et dans une galerie voisine, voici le berceau que la ville de Paris avait donné à l’Impératrice, superbe meuble en bois de rose garni d’émaux sertis dans le vieil argent, avec, au pied, l’aigle et au chevet une femme qui tient une couronne. D’Hérisson ajoute : « L’artiste avait représenté la Paix les yeux ouverts et la Guerre les yeux fermés … ». Ces statues allégoriques n’existaient que dans l’imagination de l’historien : elles n’y sont pas. Mais c’est ainsi qu’on écrit l’histoire.

 

On voit qu’il y a là, dans cette richesse de documents spéciaux, toute une mine inconnue où peuvent déjà puiser les historiens de ce second Empire, qui commence à nous intéresser et à être à la mode, parce qu’il est à présent à la fois assez loin pour l’envisager avec calme, et assez près pour tenir sa place dans nos souvenirs ».

 

http://prince.imperial.over-blog.com/photo-1675750-1901.05.18_Illustration_1_JPG.html

http://prince.imperial.over-blog.com/photo-1675750-1901.05.18_Illustration_2_JPG.html

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 13:09

LUI

 

 

Voilà sept ans qu’il est tombé là-bas, dans les jungles, la poitrine trouée, faisant face à l’ennemi !

Voilà sept ans qu’il est tombé en héros, sur la plage africaine, frappant le monde de stupeur et d’admiration, enseveli dans le plus vaste linceul de gloire qu’un mortel puisse rêver !

 

Et toujours la vision funèbre du drame d’Ululunghi, passe devant nos yeux, toujours le radieux souvenir de sa jeune gloire fait vibrer nos âmes, mêlant le deuil à l’espérance !

Oh ! quelles durent être les angoisses de notre glorieux et infortuné Prince, quand, trahi par Carey, le bandit soudoyé, abandonné de tous, il se trouva seul, en face des sauvages noirs, impitoyables et hurlants …

Il combattit longtemps, comme un lion, dans cette lutte inégale et sans trêve, jusqu’au moment où, succombant sous le nombre, tout son sang s’échappant par dix-sept blessures béantes, toutes reçues par devant, il se coucha épuisé, sur l’herbe rougie, envoyant une dernière pensée à sa Mère bien-aimée, à cette France qu’il aimait tant, et qui néanmoins se montrait si ingrate …

 

Car, c’est la France qui l’a tué, ou, plutôt ce sont les misérables qui prodiguaient sans relâche les injures à son Auguste Mère, et jetaient la boue sur la mémoire de l’Empereur …

Tous les jours des libelles infâmes, des injures anonymes pleuvaient à Chislehurst.

Lâches, qui insultaient une veuve et un orphelin !

Lâches, qui raillaient le jeune héros, quand emporté par une sublime folie, il s’en allait au loin chercher la gloire et la mort !

Car il ne put supporter, ce Bonaparte, qu’on accusât un Bonaparte de lâcheté !

Il est mort comme un Martyr, privant la France des réparations nécessaires dont son nom était l’inévitable symbole.

 

Mais le sang des martyrs féconde les saintes causes, et aux tristesses de cette tombe se mêle, d’année en année, l’inébranlable espoir des rayonnements futurs.

La République accumule les ruines, multiplie les abaissements et les hontes.

Les ailes d’un nouvel Aiglon grandissent, et, quels que soient les évènements, il se trouvera toujours un Bonaparte prêt à répondre à l’appel de la France éperdue.

Voilà pourquoi, en ce douloureux anniversaire, nous avons voulu affirmer notre deuil et notre espoir, notre fidélité rajeunie, notre foi qui grandit et s’épure dans le malheur.

Nous pleurons la tombe qui se creuse, mais nous saluerons bientôt le trône qui s’élève !

Comme jadis le Grand Homme,

Prince, vous rentrerez dans votre Capitale

Sans tocsin, sans combat, sans lutte et sans fureur,

Traîné par huit chevaux sous l’arche triomphale

En habit d’Empereur.

 

A. LEANDRI

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 23:25

I

 

Au son des carillons et du canon qui tonne, PI 1878-4

Comme un Promis du Ciel il naîtra sur un trône,

Un pape glorieux bénira son berceau ;

Il sera salué par l’Europe elle-même,

Et recevra des mains du peuple, à son baptême,

Un puissant empire en cadeau !

 

Entre son père heureux et sa mère bénie,

Au bruit des chants de fête et de joie infinie

Que la victoire change en acclamation,

Il grandira, bercé par la voix populaire,

Comme par l’Océan superbe et sans colère

Le nid frêle de l’alcyon !

 

Puis, un jour, il verra la France mutilée,

Son père agonisant et sa mère exilée,

Et de tant de grandeur il saura le néant,

Laissant derrière lui, - spectre de la défaite !

Son palais flamboyant, pareil au noir squelette

D’un feu d’artifice géant ! …

 

Il rêvera de guerre aux épiques mêlées,

D’où s’élance le chœur de Gloires étoilées,

Brûlant de prendre assez de bronze à l’ennemi

Pour fondre à la fournaise une aigle colossale,

Veilleur sublime au front de l’arche triomphale

Planant sur Paris endormi !

 

Mais il ira bien loin, mourir avec mystère,

Pour un peuple étranger, dans une obscure guerre,

Luttant, seul contre tous, sans être soutenu !

Et lui, lui dont le nom pourrait emplir l’Histoire,

Il tombera frappé de l’arme dérisoire

De quelque Sauvage inconnu ! …

 

Quand vous caracoliez joyeux, devant l’armée,

Parmi les vieux soldats d’Afrique et de Crimée,

Innombrables héros prêts à mourir pour vous,

Prince, qui vous eût dit qu’au jour de la bataille,

Vous abandonnant seul au flot qui vous assaille,

Vos compagnons s’enfuiraient tous !

Il est mort, mais, hélas ! ce n’est pas pour la France.

Il est mort, « dépassant les meilleurs en vaillance »,

Et mêlant l’immortelle aux lauriers d’Austerlitz !

Il est mort, sans l’ami dont l’adieu vous console.

Nul n’a fermé ses yeux, et le drapeau d’Arcole

Ne l’a point reçu dans ses plis.

 

Lui, dont tant d’orphelins tiennent la mole couche

Où la Sœur les endort le sourire à la bouche,

Il n’a pas eu de lit où mourir, pauvre et seul !

Ils l’ont abandonné, nu, sous le ciel immense,

Et l’Angleterre dut à ce Prince de France

Faire l’aumône d’un linceul !

 

 

II

 

 

Pleure, peuple français, pleure sa jeune gloire !

Vainement la bassesse insulte à son trépas :

Un immortel honneur protège sa mémoire,

Et l’outrage ne l’atteint pas.

 

D’exploits et de périls les grands cœurs sont avides,

Le lion qui s’éveille ignore la torpeur,

Et le nom de Celui qui dort aux Invalides,

Dès l’aube avait sonné la diane en son cœur !

 

Instruit à ton histoire, il était ton élève,

Pouvant servir d’exemple aux hommes d’aujourd’hui ;

Et, bercé par ta gloire, il a fait un beau rêve.

S’il s’est trompé, pardonne-lui !

 

Il est digne de toi. Pleure, - et qu’il te souvienne !

Ton sort fut trop le sien pour l’avoir oublié,

Et lui qui t’aimait tant, sa gloire est trop la tienne

Pour ne pas émouvoir à jamais ta pitié !

 

Hélas ! c’était toujours la plus blanche victime

Que l’on sacrifiait aux colères des dieux ;

Et tu n’en peux vouloir à cet Enfant sublime

Pour les fautes de ses aïeux.

 

Il tombe environné de cette poésie

Que les jeunes trépas emportent avec eux ;

Il brillera placé par l’histoire attendrie

Entre Louis Dix-sept et Napoléon Deux.

 

De la reine puissante, héroïque, adorée,

Et de tous ses bienfaits si tu ne te souviens,

Songe à la pauvre veuve, à la mère éplorée :

Courbe tes genoux près des siens.

 

Que nos âmes en deuil s’envolent par l’espace

Dans le parfum des fleurs et les soupirs du vent,

Et, faisant un cortège à ce cercueil qui passe,

Aillent pleines d’amour de la mère à l’Enfant !

 

 

III

 

 

Ramenant à son bord l’héritier d’un empire,

Des confins de la Terre il revient, le navire,

Muet comme un fantôme et noir comme un cercueil.

Il va silencieux et funèbre d’allure,

Avec ses pavillons le long de sa mâture

Abaissés, en signe de deuil.

 

Il revient lentement, et là-bas Sainte-Hélène,

Comme un cœur bat au fond d’une poitrine humaine,

Sent d’un étrange émoi tous ses flancs remuer ;

Et le front ceint d’un crêpe, et de pourpre drapées,

En le voyant passer, les grandes Epopées

Se lèvent pour le saluer ! …

 

Consolation sombre et vision dernière !

Sa mère le contemple étendu dans sa bière,

Celui que tout petit elle endormit souvent ;

Et de ce pauvre corps elle compte les plaies

Avec avidité, - dix-huit coups de sagaies,

Dix-huit blessures par devant !

 

Et je vois se dresser Hécube inconsolable,

Etreignant follement Hector – méconnaissable

Après l’atroce mort qui le défigura.

Une immense pitié dans mon âme s’éveille …

Le drame est aussi grand, l’infortune est pareille,

Homère seul y manquera !

 

 

 

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